07 May Notre article pour LaTribune: Covid-19 : favoriser la Tech européenne pour retrouver croissance et indépendance
La crise actuelle provoquée par l’épidémie de Covid-19 nous montre une fois encore, à quel point, dans un monde pourtant globalisé, les États prennent leurs décisions individuellement, poursuivant leur propre stratégie sanitaire face à un problème commun. La pandémie a également révélé que l’Europe est fortement dépendante du reste du monde. Le fonctionnement de notre économie a été en partie délocalisé, non seulement dans les secteurs traditionnels (industrie, textile, pharmaceutique) mais également dans les secteurs technologiques fortement innovants (data, cybersécurité, IA, internet des objets).
Le temps des choix stratégiques.
Dès la sortie du confinement, deux choix stratégiques s’offriront à nous :
- Faire confiance à la mondialisation et présupposer que les acteurs mondiaux sont de bonne volonté pour aider l’économie européenne, ou
- S’assurer que nos intérêts stratégiques soient disponibles sur notre territoire pour se donner les moyens d’affronter une éventuelle crise tout en créant de la valeur en Europe.
La première option oscillant entre risque inconsidéré et naïveté, il ne reste que la seconde. Encore faut-il savoir de quel territoire nous parlons. Nos intérêts stratégiques sont-ils communs au niveau européen ou bien relèvent-ils d’un intérêt exclusivement national ? Un État de la taille d’une province brésilienne comme la France doit réfléchir à la bonne dimension de son terrain de jeu.
Trop souvent, dans le secteur technologique, les entreprises européennes ne sont pas en mesure de rivaliser avec leurs concurrents américains ou asiatiques. Afin de créer des entreprises capables de s’imposer à l’échelle mondiale, il est nécessaire d’agglomérer la connaissance et les financements à l’échelle européenne.
L’essor de la Tech européenne créera de la richesse nationale.
La question n’est pas de choisir entre la France et ses voisins européens, mais de choisir entre l’Union européenne (UE) et les États-Unis, d’une part, entre l’UE et la Chine, d’autre part. Penser la dimension européenne et investir dans les pépites made in Europe, c’est mettre nos forces en commun pour peser à l’international, et permettre la croissance de secteurs stratégiques comme la cybersécurité, les télécoms ou les services numériques aux entreprises.
Penser la dimension européenne, c’est aussi investir par ricochet dans chaque économie nationale car la Tech est un formidable levier de croissance vertueuse. La Tech est un facteur de transformation transversal, qui touche chaque secteur d’activité, depuis la modernisation de l’agriculture à la relocalisation de l’industrie 4.0.
La Tech européenne est également créatrice d’emplois qualifiés, de plus en plus socialement et environnementalement responsables. En outre, elle permet de faciliter la mobilité des talents en Europe et de promouvoir les valeurs européennes de démocratie et de respect de la vie privée.
L’émergence d’une Tech européenne ne se fera que par les entreprises européennes
La Commission européenne et les politiques français se disent convaincus de l’importance de promouvoir la Tech européenne mais ni les normes ni les discours n’ont jusque-là permis l’émergence de champions européens. Pourquoi les scale-ups européennes sont-elles quasiment toutes financées ou rachetées par des participations non-européennes ? Parce que ces derniers peuvent mobiliser des financements que nos acteurs nationaux peinent à offrir, et car le réflexe européen n’est pas systématique lors d’une levée de fonds ou d’une cession.
L’Union fait la force
La crise actuelle met en avant la nécessité de se serrer les coudes afin de soutenir la Tech européenne pour garantir une indépendance stratégique.
Afin de créer un écosystème soudé porteur d’innovation et créateur de valeur, les acteurs européens de la Tech (start-ups, entreprises, investisseurs, administrations…) doivent collaborer et privilégier les solutions technologiques européennes. Ce n’est qu’à cette condition que l’Europe cessera d’être un continent « consommateur » pour devenir un continent leader et créateur de valeur.
Les membres de la European Champions Alliance :
Jean-Christophe Barth-Coullaré – Administrateur de sociétés indépendant
Andrea Vaugan, Fondatrice de Wyngs
David Schwarz, BA, Retail & Consumer Goods Executive
Dominique Tessier, Expert Transformation digitale, animateur du groupe Cybersécurité de la European Champions Alliance
Didier Carré, Secrétaire général de l’Institut G9+
Fériel Denizot, Founding Partner chez Prime Analytics Group
Jean-Francois Vermont, DGA Groupe PFLS
Teoman Atamyan – Freelance transformation digitale et innovation
Adrien Gonin, Spécialiste en affaires publiques et partenariat pour la European Champions Alliance